Monsieur le Président, Chers collègues,
Je veux intervenir sur sujet, pour qu’il n’y ait aucune méprise possible.
Nous nous réjouissons de cette charte qui a pour but le développement de la langue occitane !
Je veux affirmer d’emblée qu’il n’y a, à nos yeux, aucune contradiction entre la défense des valeurs Républicaines et l’attachement que nous pouvons avoir à nos racines, quelles qu’elles soient, et notamment linguistiques.
Nous sommes donc favorables à l’enseignement, à la visibilité publique, au développement des media, à l’éclosion du spectacle vivant, à l’évaluation des politiques linguistiques et à la sauvegarde du patrimoine. Mais nous sommes opposés à l’enseignement d’une langue minoritaire en immersion parce que cela voudrait dire que des groupes entiers de locuteurs ne se verraient enseignés durant toute leur scolarité qu’une langue compréhensible uniquement par une seule partie des français.
Nous réaffirmons notre attachement au maintien d’une langue de référence permettant que tous les citoyens se comprennent. Celle-ci doit donc être la langue de référence dans l’ensemble du service public d’éducation.
Prenons garde au détournement de sens et de contenu de certains mots. En effet, des établissements privés d’enseignement se voient attribuer par les autorités gouvernementales des « missions de service public ».
Non seulement de telles décisions, prises depuis des années, affaiblissent le service public laïc d’éducation, mais elles suggèrent l’idée que des enseignements « communautaires » seraient encouragés par la puissance publique. A l’heure où les dirigeants de l’Europe libérale appliquent l’adage « diviser pour mieux régner », nous nous méfions d’une politique qui pourrait dresser les citoyens les uns contre les autres.
Le français, langue d’unité de la France, est tout à fait compatible avec l’enseignement, par le service public laïc d’éducation, de langues régionales ou minoritaires. Cela doit être, en ce sens, une source d’enrichissement mutuel.
Dans le même temps, nous défendons une politique éducative ouverte et progressive. L’enseignement des langues ne doit pas se résumer aux seules langues présentes historiquement sur le territoire hexagonal. En clair, nous ne considérons pas comme un progrès l’enseignement, par exemple, du Breton si dans le même temps l’enseignement de nombreuses langues (Russe, Arabe etc.) susceptibles d’intéresser tout un chacun, et permettant d’ouvrir les jeunes citoyens sur l’international, est fortement compromis par des coupures budgétaires drastiques. Nous pensons également que les langues parlées sur notre territoire par les populations issues de l’immigration, ainsi que celles des DOM-TOM comme le créole, doivent avoir toute leur place au sein de l’Education Nationale. De même nous considérons que la quasi disparition de l’enseignement des langues mortes telles que le latin et le grec ancien n’est pas de nature, notamment à travers l’étymologie, à favoriser l’enseignement du français langue de référence.
Donc bienvenue à cette charte interrégionale et transfrontalière dont nous veillerons à ce que, fut-ce en occitan, elle puisse aider à la propagation de cette belle devise : Libertat, Egalança, Frairaisa !