«

»

Juil 27

Imprimer ceci Article

Valérie Pécresse contre la laïcité, contre la République

Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, a annoncé la semaine dernière qu’elle poursuivrait en justice les universités qui aurait augmenté de façon illégale leurs frais d’inscription, comme le syndicat UNEF l’a révélé.

De qui se moque-t-on ?

N’est-ce pas cette même ministre qui fait partie d’un gouvernement ultralibéral ayant pour but explicite le démantèlement de l’Éducation nationale publique ? N’adhère-t-elle pas à l’idéologie d’un parti qui souhaite baisser les impôts, se privant donc de ressources sciemment pour mieux justifier toutes les coupes claires dans le service public ?

En faisant tout pour priver les universités de moyens, elle oblige les présidents d’universités à trouver des solutions pour parvenir à l’équilibre. Or, il n’y en a que deux : soit on augmente les frais d’inscription, soit on fait entrer à l’université des partenaires financiers comme les entreprises…

Et c’est justement là que veut en arriver la ministre : acculés à trouver des subsides et menacés de procès, les présidents d’universités n’auront pas d’autre choix que de saborder le service public en ouvrant grand les portes aux entreprises à l’affût du pognon qu’il y a à se faire dans le domaine de l’éducation.

Ainsi, l’université perdra en indépendance, glissera vers l’autonomie, c’est-à-dire la privatisation, et ce sera toute la neutralité du système public d’éducation qui sera mis à bas, de même, évidemment, que l’égalité des citoyens sur le territoire national.

Par une simple déclaration populiste que personne n’a dénoncée, Valérie Pécresse a rappelé sur quelle voie conduisait la politique sarkozyste de casse du service public.

Mais quand on parle de neutralité dans l’Éducation nationale, on parle aussi de laïcité. En laissant entrer les loups-entreprises dans la bergerie, il y a fort à parier que les chacals-religieux voudront leur part du gâteau : on verra alors, en plus de l’université Coca-Cola ou MacDonald, des universités financées par l’Église catholique ou toute autre secte ayant envie de contrôler un peu mieux la « recherche » sur le créationnisme, le droit à l’avortement ou la fécondation in vitro.

C’est donc proprement scandaleux et particulièrement dangereux pour la République que de menacer de procès des présidents d’universités qu’on a privés de moyens d’action. Gageons qu’ils trouveront vite d’autres sources de revenus, et que tout le monde, bêtement, s’en félicitera.

Stéphane ARLEN

Lien Permanent pour cet article : http://24.lepartidegauche.fr/?p=102