La Sarkozie est en état de décomposition avancée. Sa crise s’est ouverte il y a un an, le 15 septembre 2009, lorsqu’elle dut renoncer aux tests ADN pour les étrangers – affichage s’adressant déjà à l’imaginaire raciste plus qu’à une quelconque efficience sécuritaire. Elle s’est accentuée au gré des couacs à répétition d’une législation devenue erratique (ratés de la loi Hadopi, retoquage de la taxe carbone, censures à répétition du Conseil constitutionnel, etc.).
Elle s’est propagée comme une traînée de poudre à mesure de la découverte des liens troubles entre fraude fiscale des copains, financement électoral occulte des coquins et décoration de faveur des intermédiaires interlopes. En révélant semaine après semaine l’écœurant mélange des genres du « système Woerth » (dixit « L’Express »), le site d’information Mediapart a rendu un signalé service à la démocratie, ne serait-ce qu’en redonnant envie à une partie de la presse de retrouver sa mission d’information.
Ainsi, le roi est nu. Désormais, le voile s’est déchiré sur l’impressionnant échec de sa politique économique. Ni les minables trucages statistiques, ni les coups de menton emphatiques, ni les gesticulations pathétiques ne peuvent plus masquer l’ampleur abyssale des déficits publics que continuent de creuser les cadeaux à répétition aux privilégiés. L’abolition cumulée du bouclier fiscal, des niches fiscales et de l’évasion fiscale permettrait largement de les combler.
Rien que l’amendement Copé qui exonère les ventes de filiales des entreprises françaises coûte 12 milliards d’euros au fisc ! Plus que ce qu’il faudrait annuellement pour équilibrer le budget des retraites. Mais l’objectif acharné de cette équipe de prédateurs sans vergogne est de faire payer les seuls salariés. La réponse à cette insupportable agression appartient désormais à la riposte syndicale unitaire.
D’autant que les opérations de diversion ne fonctionnent plus. Une milliardaire se fait rembourser des dizaines de millions d’euros par un ministre complaisant ? Toutes affaires cessantes, c’est aux Roms qu’il convient d’urgence de s’en prendre, car c’est bien sûr d’abord leur transhumance qui trouble gravement l’ordre public ! Qu’importe si la Commission européenne, la Commission des droits de l’homme de l’ONU et la papauté mettent la France, ex-patrie des droits de l’homme, au ban des nations civilisées : reprenant l’inspiration de Pétain qui organisait dès 1940 la dénaturalisation des « Français de fraîche date », un chef de meute aux abois s’en prend dans la foulée aux fondements républicains de la nationalité. Le désordre établi est tel que le Premier ministre affirme que la devise républicaine est « liberté, égalité, sécurité » (!), que le supposé ministre de l’Industrie se prend pour le chef de la police tandis que le ministre de l’Intérieur et des Cultes se fait condamner pour injures racistes sans songer un instant à quitter ses fonctions.
Mais le mépris des Français qui s’est exprimé le 4 septembre contre le racisme d’État, et contre la réforme des retraites le 7 septembre, commence à produire à droite une irrésistible pression centrifuge. Ainsi, à l’instar des ralliés d’avant-hier, nombre de caciques inquiets pour leur avenir sont désormais prêts à quitter le navire.
Pour autant, il ne s’agit pas d’envisager une simple alternance, puis la reconduction de la même politique, en espérant la faire admettre à une opinion satisfaite par le seul départ d’une équipe discréditée. Et les déclarations d’une demi-douzaine de responsables socialistes de premier plan appelant à « l’effort », à « la responsabilité », ou promettant « de la sueur et des larmes » et « une vraie sécurité » en cas de victoire de la gauche ne sont pas admissibles. Ce dont notre pays a besoin, c’est d’une véritable alternative qui allie une politique de justice fiscale, de relance vigoureuse de l’emploi, de rétablissement des principaux services publics, des libertés fondamentales et des contre-pouvoirs. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la restauration du pacte républicain. Enfin.
Gérard Boulanger, conseiller régional d’aquitaine (front de gauche)