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Néologisme formé avec la racine grecque autos « de lui-même » et le mot français du XIIes entreprendre se déclinant au XIIIe siècle en entrepreneur. Entreprendre-entrepreneur sont constitués avec les mots latin inter « entre » prehendere « saisir » signifiant celui qui prend en main, puis par extension le chef d’entreprise. L’expression auto-entrepreneur signifie donc « chef d’entreprise par lui-même », ce qui est étymologiquement un non-sens, car les patrons actuels n’ont pas tous vu leurs entreprises créées par quelqu’un d’autre. Rien que le nom prouve que le projet a été mûrement réfléchi, des mots qui sonnent bien pour gonfler l’ego de ceux qui se feront prendre.
Depuis le 1er janvier 2009, il est possible à presque toutes les personnes ne dépassant pas 25195 euros de revenu imposable en 2007 de créer sa société. On est donc parfaitement dans la ligne néolibérale « travailler plus pour gagner plus » (assertion stupide s’il en est dans notre monde ou le fléau principal est la surproduction de biens et les catastrophes écologiques inhérentes à cette surproduction de masse, catastrophes qui vont coûter à très court terme bien plus cher que le financement de la décroissance de l’économie et son coût social, mais c’est un autre sujet)
Ce régime intégré dans la loi de modernisation de l’économie n°2008-776, la LME votée par le parlement le 4 août 2008 (une des lois passées en catimini l’été quand on est en vacances), doit permettre aux personnes d’augmenter leurs revenus, ce qui n’est pas en soit répréhensible, mais dans les faits une toute autre tournure s’amorce. Les espoirs les plus fous du MEDEF sont en passe de se réaliser, comment ?
Certains archéo entrepreneurs sous le couvert de la crise ne renouvellent pas les CDD ou les contrats intérim de leurs ouvriers, voir poussent les personnes en CDI à démissionner pour rejoindre le statut d’auto entrepreneur. Pourquoi ? Les relations entre l’employeur et l’employé ne sont pas les mêmes avec ce nouveau régime, plus de code du travail, puisque l’on est dans une relation entre deux entreprises, une qui offre un service (ses bras) et une qui a besoin de prestation. C’est le retour au moyen-âge avec les donneurs d’ouvrage et les loueurs de bras exploités, ce qui a conduit aux premiers mouvements de grève du XIIIe siècle avec la première grève moderne attestée à douai en 1245, il est tout de même amusant de noter en aparté la concomitance des premières grèves modernes avec l’apparition du mot entrepreneur (XIIIe s).
Il n’y a donc avec ce nouveau régime plus de problème de flexibilité du temps de travail parce que le patron ne paye qu’à l’auto-entrepreneur le travail réalisé plus besoin de gestion du personnel, pas besoin de licencier. La possibilité de mettre en concurrence les offres de services, des autos-entrepreneurs pour faire baisser le prix de la main d’œuvre très en-dessous du salaire minimum. Descendre sa masse salariale au dessous de 50 employés et supprimer la représentation syndicale dans l’entreprise.
L’auto-entrepreneur « forcé » est fortement perdant, les charges sont de 23 % au lieu de plus de 60 % sur sa rémunération mais il n’y à pas de cotisation chômage! pas de congés et pas d’arrêt maladie la première année pas de congé maternité non plus. Pas d’URSSAF donc 20 % de cotisation à payer en plus. Pas de droit à la formation. Pourtant 67000 personnes ont basculé et se sont sortis des chiffres du chômage, Plaudite, cives !
Un nouveau statut pour augmenter la création richesse ? Non, un nouveau statut pour augmenter la paupérisation et l’exploitation des travailleurs. Travail vient du latin tripalum « trois pals » instrument de torture utilisé pour châtier les esclaves et qui a ensuite servis à attacher les bêtes pour changer les fers ou les soigner. Il semble que tous les jours on arrache une page du code du travail pour rapprocher le travail de son sens originel de torture. La plèbe trop fière d’avoir le même statut que le patriciat, gonfle la poitrine et courbe l’échine.
Proletarier aller Länder vereinigt euch!
T.L