Jean-Luc Mélenchon, le 19 septembre 2009
La crise financière va rebondir !!
Les bulles
financières entre dans une nouvelle phase de dilatation. Elles sont en voie de
reconstitution avant même d’avoir été épongées. Les centaines de milliards
injectés par les Etats pour sauver les systèmes bancaires n’ont pas été
accompagnés de contreparties sérieuses pour changer les pratiques financières et
bancaires.
Résultat, ils
ont regonflé la bulle financière et bancaire, en ajoutant à celle-ci une bulle
supplémentaire d’endettement public notamment américain.
La preuve : les
marchés boursiers sont en hausse depuis 6 mois, alors que l’activité réelle n’a
pas repris et que le chômage augmente massivement. N’oublions pas que 200 000
emplois industriels ont été supprimés en France depuis 1 an. Pourtant le CAC 40
a repris 55 % depuis son plancher de mars 2009. Cette valeur financière ne
correspond à aucune nouvelle valeur réelle créée puisque sur la même période le
PIB français a baissé de 1,2 %.
La
financiarisation de l’économie continue en toute impunité. Le système bancaire
est revenu a ses pratiques initiales, soit pour boucher ses trous soit pour
pouvoir afficher de nouveau des résultats de nature a « rétablir la confiance »,
c’est-à-dire a empêcher les retraits qui seraient bien vite incompensables.
Voyons.
L’Etat a versé
21 milliards d’aides publiques en capital aux banques françaises. Dans le même
temps la France a connu une restriction historique du crédit aux particuliers et
aux PME. Selon la Banque de France : l’encours des crédits aux entreprises a
baissé pour la première fois depuis 10 ans en juillet 2009. Cette baisse
historique concerne aussi bien les crédits d’investissements que les crédits de
trésorerie. Le même mois les défaillances d’entreprises ont augmenté de 18 % !
Les banques
françaises ont pourtant recommencé à dégager des profits dès le 1er semestre
2009. Cela signifie qu’elles ont utilisé les aides publiques pour investir sur
les marchés financiers plutôt que pour financer l’économie.
Exemple de la
BNP. Elle a reçu 5,1 milliards d’euros d’aides publiques. Elle annonce 1,6
milliards de bénéfices au 1er semestre 2009. Cette même banque a provisionné 1
milliard (ramenés à 0,5 milliards) en bonus pour les traders en août 2009.
C’est-à-dire 10 % de l’aide publique reçue qui va passer directement dans la
poche des traders.
Ainsi on voit
comment par tous les aspects le système se montre absolument incapable non
seulement d’affronter les conséquences de ses pratiques mais seulement de les
corriger. Le danger d’emballement tient à la convergence des facteurs qui
peuvent effondrer le système. Ainsi la financiarisation de l’économie réelle.
Je parle des
LBO. Technique d’achat de société ou l’acheteur s’endette à 80 du prix d’achat
et se rembourse en dépeçant l’entreprise achetée. C’est à présent la nouvelle
bombe qui menace l’industrie et les banques. En effet cette merveille de
bidouillage de rapace est doublement explosive : il gonfle la masse de créances
à risques dans l’économie et fragilise les entreprises ainsi rachetées par une
gestion à court terme qui vise juste à aspirer leur trésorerie.
Or, depuis 4
ans, le marché des LBO a triplé en Europe. 140 milliards d’euros de prêts ont
encore été accordés en LBO par les banques en 2007, dont 20 milliards en France.
Autant dire que le crédit n’est pas rare pour tout le monde. Avec le
retournement de l’activité, une grande partie du système des LBO est menacé
d’effondrement. A la fin 2008, 70 % des sociétés sous LBO ne respectaient pas
leurs clauses de prêts auprès des banques.
« Continental »
en est un exemple annonciateur. C’est à cause du rachat en LBO, grâce à 16
milliards d’emprunts de Continental par le groupe Schaefler, 3 fois plus petit
que lui, que l’entreprise est aujourd’hui liquidée. Alors qu’elle est
bénéficiaire notamment dans sa branche pneu dont fait partie l’usine de
Clairoix.
Aucune leçon
n’est pour l’instant tirée pour stopper ces mécanismes destructeurs. Au
contraire, c’est justement à un fond LBO, le fond américain HIG, que le
gouvernement a confié la reprise de l’usine Molex de Villemur sur Tarn. Tout
cela n’a rien de marginal. Il s’agit d’un risque majeur pour la France.
Dans notre
pays, près de 5000 entreprises, aussi diverses qu’il est possible de l’être,
comme Picard et Arena ou Télé Diffusion de France, et plus de 1,5 millions
d’emplois sont aujourd’hui sous LBO. Cela représente une masse d’emplois égale à
celle du total des entreprises du CAC40 !
Ce n’est pas
tout. A ce risque d’implosion locale, s’ajoute le risque importé du fait des
engagements des banques françaises sur l’étranger. Les banques françaises sont
aussi lourdement exposées au niveau mondial. 8,9 milliards d’euros pour BNP
Paribas, 6,5 milliards pour le Crédit agricole, 6,2 milliards pour Natixis et
5,6 milliards pour la Société générale.
J’en reste là
pour que limiter vos cauchemars. Sachez seulement que le scénario latino
américain celui d’une transition provoquée par l’auto blocage du système est
inscrit dans ce que je viens de décrire et que cela oblige à penser avec sérieux
nos propres stratégie à gauche pour le prendre en compte.