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Texte d’orientation


Texte d’orientation


Adopté par le congrès constituant

LIMEIL-BREVANNES – 1er
FEVRIER 2009

 

Le congrès fondateur du Parti de
Gauche doit répondre à un état d’urgence. La crise économique et sociale liée
aux contradictions du capitalisme n’est pas annoncée dans les livres, elle se
déroule sous nos yeux rappelant l’actualité de la lutte des classes. La guerre
n’est pas une menace rendue lointaine par la mondialisation, elle fait au
contraire son grand retour. La crise écologique n’est plus un pronostic
visionnaire, elle produit ses premiers effets. Le vieux cadre de pensée, de
production et de consommation tourné vers le profit capitaliste qui mène le
monde le conduit à des désastres imminents. Pourtant d’autres choix sont
possibles. Une autre histoire peut-être écrite. C’est une question de volonté et
d’action. En fondant le Parti de Gauche, nous avons cette volonté d’agir pour un
autre avenir. Pas dans cent ans, pas dans dix ans, pas dans cinq ans. Certes, le
chantier est immense et tout ne sera pas fait tout de suite, mais nous n’avons
pas le temps d’attendre. C’est tout de suite qu’il faut dessiner un nouvel
horizon et enclencher les premières ruptures.

 

1-        
Crise : C’est le capitalisme

qui est en cause


 

L’humanité
vit au rythme des soubresauts continuels du capitalisme. Les partisans du
système en tirent même fierté. Pour eux, ce capitalisme en bouleversement
permanent est le symbole même de la modernité. Il apparaît aujourd’hui
clairement que le capitalisme de notre époque n’a en rien surmonté les travers
que dénonçait déjà le mouvement socialiste du 19ème siècle. Il les
aggrave, plongeant l’humanité dans une crise sans précédent.

 

Un Capitalisme de plus en plus dangereux.

 

Après
l’épuisement des trente « glorieuses » et la crise qu’il a rencontré à la fin
des années 60 et au début des années 70, le capitalisme a pris un nouveau cours,
marqué par la domination de la finance et la transnationalisation du capital.
Les beaux esprits toujours prêts à encenser les puissants lui ont ouvert la
route. Ils prétendaient que ce « nouveau » capitalisme serait celui de
l’émancipation de des individus, d’un développement plus équilibré de l’économie
mondiale, d’une paix durable. Certains ajoutent désormais qu’il pourrait être un
capitalisme « vert » et « moralisé » … Or, c’est l’inverse qui se produit. Le
Capitalisme aggrave ses tendances profondes à l’inégalité, l’instabilité,
l’impérialisme et précipite une terrible catastrophe écologique.

Les
inégalités ont explosé. Elles sont encore plus fortes que dans le capitalisme
sauvage du 19ème siècle. En 1820, les 10% les plus riches de la
planète concentraient 42% des revenus mondiaux, ils en détiennent aujourd’hui
55%. A l’inverse, les 20% les plus pauvres percevaient en moyenne 5% des revenus
mondiaux contre environ 2% aujourd’hui. En conséquence, la pauvreté de masse
continue à se répandre partout. Les Etats-Unis, pays le plus riche du monde,
comptait ainsi, avant même la crise dite des subprimes, 3,5 millions de
sans-abri, parmi lesquels 1,4 millions d’enfants. L’Union Européenne n’est pas
épargnée puisque la pauvreté y touche 72 millions de personnes (sur 450
millions). Les femmes encore plus que les hommes subissent cette aggravation des
inégalités de revenus car elles sont encore plus frappées par le chômage et
contraintes au travail à temps partiel. Cette répartition inégale des richesses,
en plus d’être un scandale morale et une atteinte à l’émancipation humaine, a
provoqué la crise financière actuelle. Parce qu’il a comprimé les salaires, le
capitalisme actuel a dû asseoir la hausse effrénée de la consommation qu’il
réclame sur une immense pyramide d’endettement. La chaîne a fini par craquer en
son maillon le plus faible, les prêts subprimes, emportant le mirage d’une
« société de propriétaires » sans redistribution des richesses.

Depuis, la
crise financière est devenue économique. Et l’humanité fait face à une urgence
sociale aggravée.

L’instabilité
s’est déchaînée. Les premiers socialistes dénonçaient déjà l’absurdité d’un
système économique caractérisé par une crise tout les huit ans  de 1816 à 1929.
Avec la crise actuelle « sans précédent depuis un siècle » selon Alan Greenspan,
l’ancien président de la banque centrale Américaine, nous y sommes à nouveau.
Des défaillances dans un segment du marché immobilier Américain déclanchent une
crise économique générale et mondiale. Le capitalisme dérégulé de notre époque
en diffuse les effets à une vitesse inédite dans tous les domaines de la vie.
Aussi « moderne » soit-il, il n’a pas fait vieillir d’une ride la phrase du
Manifeste rédiger par Marx et repris lors de la Première Internationale notant
que « Les ouvriers contraints de se vendre au jour le jour, sont une
marchandise, un article du commerce comme un autre ; ils sont exposés, par
conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les
fluctuations du marché
 ». C’est maintenant l’ensemble du salariat qui est
menacé par cette marchandisation grandissante de tous les domaines de vie
sociale. C’est pourquoi le capitalisme s’attaque méthodiquement à tous les
outils de la solidarité collective et à la structure républicaine de notre
société. Il y a, en revanche, ajouté d’autres aberrations : Droits à la
retraite  volatilisés par l’effondrement des fonds de pensions, villes fantômes
provoquées par l’abandon soudain de programmes immobiliers, biens publics pillés
en quelques heures pour renflouer les pertes du privé. Une fois de plus
l’intérêt général est piétiné, l’individu social atomisé. Le temps s’efface
devant la dictature des actionnaires qui exigent la rentabilité immédiate. Le
droit de la collectivité à soumettre l’activité économique à des normes décidées
librement par les citoyens est remis en cause au nom de la concurrence « libre
et non faussée ». Les souhaits des actionnaires seraient devenus plus légitimes
que la volonté des citoyens. Celle-ci ne parvient plus à se faire entendre. Il
en résulte partout une profonde crise démocratique.

L’humanité
affronte désormais une urgence démocratique aggravée.

L’impérialisme menace le monde. Le capitalisme à toujours été un système
hiérarchisé, avec un « centre » dominant une « périphérie ». Le capitalisme
actuel n’échappe pas à cette règle. Il est assis sur la domination des Etats
–unis d’Amérique. Or, celle-ci est devenue vacillante. Après des vagues
incessantes de délocalisation, les Etats-Unis ne sont plus une puissance
industrielle de premier plan. Leur économie repose sur un endettement
faramineux.  son financement dépend désormais de ses
principaux concurrents, notamment la Chine, qui rachètent des quantités toujours
plus élevées de sa dette, En revanche, les Etats-unis dépensent autant pour leur
budget militaire que tous les autres pays du monde réunis. Dès lors on comprend
mieux leur attitude agressive sur la scène internationale, Les déclarations
violentes de Bush ont souvent paru surprenantes aux oreilles françaises. Mais
elles ne sont pas le signe d’un cerveau agité. Une stratégie raisonnée est à
l’oeuvre. La multiplication des foyers de confrontation violente au plan
international permet aux Etats-unis de faire-valoir leur puissance militaire. La
théorie du choc des civilisations et celle de la guerre contre le terrorisme
fournissent des habits nouveaux à la vieille momie de l’impérialisme que l’on
nous promettait morte à jamais. Elles créent les conditions de collisions
toujours plus violentes. Nous devons rejeter tout interventionnisme militaire et
cesser l’exportation d’armes. Dans ce cadre, la sortie de l’Otan par la France
est un impératif. L’humanité fait face désormais à l’urgence de la paix.

Dans un contexte national et international d’attaque
en règle de la laïcité, de volonté de reconfessionnalisation et de
communautarisation de l’espace public, le PG doit non seulement incarner la
défense de la laïcité mais aussi favoriser la reconquête des droits perdus sous
la pression des différentes églises. Il n’y a pas « d’accommodement
raisonnables », le religieux doit rester strictement dans la sphère privée alors
qu’il trouve des relais politiques pour envahir la sphère publique.

La crise écologique met en danger la survie même de
l’humanité. La soumission des modes de production et de consommation dominants
aux exigences du profit privé débouche sur un mode de développement qui dégrade
irrémédiablement les écosystèmes. Au nom du libre-échange on a encouragé la
délocalisation des productions et refusé de mettre en place des normes
environnementales contraignantes. Dès lors la crise écologique a pu
s’approfondir sans entrave. D’abord locale et environnementale, elle s’étend
désormais mondialement au climat et à l’énergie ainsi qu’à la biodiversité. Elle
a des conséquences fortes sur l’agriculture et sur la santé humaine. Elle se
traduit par de nombreux conflits géopolitiques liés à l’accès aux ressources
(gaz, pétrole et eau principalement) et par l’apparition de nouvelles migrations
de « réfugiés climatiques ». C’est donc une crise majeure aux conséquences
globales sur l’économie et la société. Déjà les dégradations portées
actuellement à l’écosystème sont en partie irréversibles. A terme, elles
menacent l’avenir même de l’humanité comme le montre le dernier rapport du GIEC
(Groupe International d’Etude sur le Climat). Nous sommes face à l’urgence
écologique.

 

UN RENVERSEMENT POLITIQUE EST NECESSAIRE

 

I1 n’existe pas d’exception dans l’histoire. Les
grandes crises du capitalisme conduisent à chaque fois à des bouleversements
politiques majeurs. Le continent sud-américain en a fourni la démonstration
récemment, La crise qui s’y est abattue n’a pu être affrontée que par une
révolution démocratique d’ensemble: Apparition de nouvelles forces politiques,
convocation d’assemblées constituantes, politiques d’inclusion sociale des plus
pauvres, rétablissement de la souveraineté populaire sur les ressources
naturelles. Les exemples récents de la Bolivie et du Venezuela en ont fourni la
démonstration, Mais les citoyens peuvent prendre d’autres chemins : La Grande
crise de 1929 a accouché du New Deal, du Front Populaire mais aussi du nazisme.
En Europe c’est pour l’heure une nouvelle droite, libérale et sécuritaire, qui
émerge et emporte les élections nationales. Une course de vitesse est engagée
avec elle. Qui va la gagner? De quel côté vont se tourner les citoyens pour
faire face à la crise? La droite mène, en France, une contre-révolution. Depuis
plusieurs années, maintenant, elle cherche à démanteler systématiquement les
acquis du Conseil National de la Résistance de 1945, du Front Populaire de 1936
et même de la Révolution de 1789, Son ambition est claire.

En saccageant ces fondamentaux, la droite tente de
dévitaliser la racine même de la République. Pour ce faire, elle doit anéantir
toute opposition: Brouillage du clivage droite/gauche, criminalisation des
mouvements de contestation, personnalisation du pouvoir, musellement des
contre-pouvoirs, mise sous surveillance de la société. Elle prend, de plus,
cyniquement appui sur la crise, générée par le système qu’elle défend, pour
justifier et faire avancer ses objectifs politiques, s’efforçant de capter
l’exaspération qui traverse des couches toujours plus nombreuses de la
population au profit d’un discours d’ordre.

Chaque problème social est
désormais réinterprété en termes de déficit d’autorité. La crise financière n’a
pas fait exception. Elle a immédiatement été présentée comme la conséquence de
comportements individuels « pervers ».

Sarkozy a affiché sa
détermination à « sanctionner les coupables» pour « moraliser le capitalisme »
et donc à faire respecter les règles du jeu plutôt que de les changer. Ce
faisant, la droite travaille à imposer un schéma mental dans lequel les crimes
du système sont déguisés en crimes contre le système. Elle veut ainsi légitimer
une conception purement policière du rôle de l’Etat, qui justifierait la
présence d’un homme fort à sa tête et donc le renforcement du pouvoir personnel
du président de la République.

De même la droite s’évertue à
évacuer toute revendication du partage et de la redistribution des richesses en
expliquant que la crise doit conduire les salariés à de nouveaux efforts. Au nom
du mérite, chaque individu est sommé de se prendre en charge sans attendre le
soutien de la collectivité. Alors qu’il est toujours prompt à un volontarisme
purement verbal, Sarkozy a ainsi publiquement déclaré que l’Etat ne ferait rien
contre les licenciements. Il n’a renoncé à aucun de ses projets de remise en
cause des droits du travail. Au contraire, il a immédiatement dégainé sa
proposition visant à étendre le travail du dimanche, symbole des efforts
supplémentaires à accomplir par les travailleurs. Les chômeurs et les précaires
sont eux aussi peu à peu dépouillés de leurs droits et stigmatisés. Inégalité,
dérégulation, atlantisme. .. La politique menée par la droite aggrave la crise
en renforçant ses causes.

Dans ce contexte, la gauche doit
donc incarner une alternative. Car la conscience que le système capitaliste ne
conduit pas au bonheur peut rapidement devenir majoritaire dans la population.
La volonté de soumettre l’activité économique au contrôle démocratique peut
trouver de nouveaux soutiens. La bataille culturelle contre ce système qui
frappe des femmes et des hommes au motif que le marché l’aurait décidé peut être
gagnée. Pour cela, il faut rompre avec le capitalisme et construire une
alternative sociale, écologique et démocratique.

Partout où des forces de gauche
ont fait de celui-ci un horizon indépassable, elles ont fini soit par gouverner
avec la droite, à l’image des partis membres du PSE (Parti des socialistes
européens) en Allemagne, aux Pays-Bas, en Hongrie notamment, soit par fusionner
avec une partie de celle-ci, comme l’ont fait les Démocrates en Italie, soit par
la remplacer purement et simplement comme le font les travaillistes en
Grande-Bretagne. Ces orientations rendent la social-démocratie impuissante et
lui ôtent toute crédibilité face à la crise. Elles créent un dramatique vide
politique à gauche. C’est pour aider à le combler qu’est né le Parti de Gauche.

Pour notre part, nous savons que
la crise que nous vivons n’aura pas d’issue sans rupture avec le système actuel.
Le rôle de la gauche est de proposer un nouvel horizon, de préciser les
transitions qui y conduisent, de s’y engager en mettant en place des ruptures
franches.

 


2- Une autre voie est possible.


 

La recherche d’une alternative
politique au capitalisme répondant à l’urgence sociale, démocratique et
écologique bénéficie de solides points d’appui. La richesse produite à l’échelle
mondiale permet de répondre aux besoins vitaux de l’humanité et d’harmoniser par
le haut les droits sociaux à l’échelle de la planète. De même, on peut sans
peine repérer les fondements concrets et culturels d’une nouvelle culture
civique permettant la réappropriation de la souveraineté populaire. Enfin, la
prise de conscience écologique est propice à l’invention d’un alter
développement.

 

LE MONDE EST RICHE.

 

Economiquement, le monde n’a
jamais été aussi riche de toute son histoire. La production de l’industrie et
des services atteint des sommets inédits. Nos capacités scientifiques et
technologiques sont sans précédent. Le niveau de qualification des travailleurs
également.

La productivité du travail n’a
jamais été aussi élevée. En France, elle atteint même un record mondial. Les
gains de productivité doivent être rendus aux travailleurs sous forme
d’augmentation de salaire et de diminution du temps de travail. Les malheurs de
l’humanité ne proviennent donc pas du fait que les caisses seraient vides. Elles
n’ont jamais été aussi pleines. Il réside tout entier dans le fait que cette
richesse n’est pas partagée et qu’elle l’est même moins que jamais. Donnons
quelques chiffres pour fixer les idées. Un modeste prélèvement de l% seulement
sur les comptes bancaires des 100 000 personnes les plus riches du monde,
représenterait 140 milliards de dollars, soit près de deux fois les ressources
du Programme Alimentaire Mondial qui sert à lutter contre la faim dans le monde.
La part des salaires qui a basculé vers les profits depuis 20 ans se monte en
France à plus de 1 50 milliards d’euros par an, soit 35 fois le déficit de
l’assurance-maladie et 40 fois celui de l’assurance vieillesse. Il est donc
possible de sauver des vies en agissant contre la faim dans le monde. Il est
possible de protéger et développer nos systèmes de protection sociale.

Ces revendications essentielles
d’un programme de Gauche répondant à l’urgence sociale sont crédibles. Elles
peuvent être financées. Mais ce financement repose sur un préalable: Le partage
et la redistribution des richesses, avec une réforme fiscale juste comprenant
entre autres l’abolition du bouclier fiscal et un impôt sur le revenu fortement
progressif.

Nous devons donc nous préparer à
une confrontation inévitable avec le capital. La gauche ne le convaincra pas de
rendre ce qu’il a accaparé au terme d’une aimable discussion entre gens de bonne
compagnie. Elle doit se donner les moyens de créer les rapports de force et
s’appuyer sur la mobilisation de toutes celles et ceux qui vivent de leur
travail et voient le fruit de leurs efforts alimenter le casino de la finance
globalisée tandis que s’aggrave l’urgence sociale.

 

LA SOUVERAINETE POPULAIRE, UNE EXIGENCE REPUBLICAINE

 

On entend souvent dire que
l’exercice de la souveraineté populaire est devenu plus difficile que jamais,
voire quasiment impossible, dans le cadre de sociétés complexes et de la
mondialisation. À l’inverse de ce discours dominant, nous estimons que les
moyens d’une souveraineté populaire sont plus étendus que jamais.

La souveraineté populaire repose
en effet sur la capacité des citoyens à fixer l’intérêt général et donc à
déterminer par la confrontation raisonnée des arguments ce qui correspond à
l’intérêt de tous. Elle implique un développement imposant de l’éducation et de
l’instruction publiques, à tous les niveaux et dans de monde entier. L’éducation
et la formation de l’esprit, la pratique culturelle, la liberté de recherche
scientifique ou documentaire sont des droits fondamentaux dont l’importance
critique doit être reconnue et la prédominance rétablie.

La souveraineté populaire
s’obtient par l’indépendance intellectuelle des citoyens, la capacité d’informer
par des médias pluralistes et indépendants des puissances financières et
politiques.

Elle implique la conscience par
les individus de participer à une même communauté de destin.

Le développement du salariat et
de l’urbanisation a créé une interdépendance nouvelle entre les individus qui
constitue un terreau propice à cette conscience civique. Dans le monde urbain,
comme sur la planète unifiée par l’urgence écologique, il n’existe pas de
réponse aux problèmes individuels qui n’ait pas une dimension collective. Pour
que le paysan bolivien de l’Altiplano puisse disposer d’eau, il lui aura fallu
provoquer un bouleversement complet de la politique de son pays. De même,
l’habitant de la Creuse ne pourra être soigné convenablement que s’il obtient un
renversement des politiques de libéralisation des services publics encouragées
au niveau de l’Union européenne. Plus généralement, l’extension de la sphère des
services publics et leur développement constituent des armes fondamentales
contre le capitalisme, car ils correspondent à des réponses socialisées aux
besoins des populations.

L’appel à rechercher les
solutions « en soi-même », n’est qu’une illusion encouragée par l’idéologie
dominante. Il n’y a pas d’émancipation individuelle sans exercice collectif de
la souveraineté. Il n’y a pas de satisfaction des besoins de chacun sans que
soient déclarés des biens communs. Ensuite il faut fixer les objectifs, critères
et procédures de décision auxquels soumettre leur gestion. La question sociale
et les questions institutionnelles ne peuvent être dissociées. De puissants
facteurs contribuent ainsi à l’établissement des bases culturelles de la
souveraineté populaire.

Bien sûr encore faut-il faire de
celle-ci un objectif et s’en donner les moyens. A commencer par l’inversion de
la logique à l’oeuvre depuis plusieurs années de dessaisissement de la puissance
publique: Banques centrales indépendantes, autorités administratives
indépendantes, dépolitisation des échéances électorales réduites à des combats
de personne, non respect du vote populaire en matière européenne, remise en
cause du principe même de la laïcité…

L’exigence républicaine se
dresse contre cette évolution. Elle appelle au rétablissement des moyens publics
de faire prévaloir l’intérêt général, notamment par la mise en place de la
planification écologique. En même temps, elle veut des institutions
véritablement soumises à la volonté populaire. Elle s’efforce de créer les
conditions d’une société mobilisée et de citoyens éclairés et motivés, dotés de
nouveaux moyens d’intervention citoyenne et de démocratie participative, du
droit à l’information. Face à la logique et à la puissance du capital, elle
cherche aussi à construire des rapports de force nouveaux à tous les niveaux en
s’appuyant sur la mobilisation du mouvement social dans toutes ses composantes
et en mettant en place une véritable démocratie sociale: Définition de règles
enfin démocratiques pour le dialogue social, reconnaissance et soutien de ses
acteurs et en premier lieu des organisations syndicales, institutionnalisation
de leur intervention dans le débat collectif, approfondissement des droits des
salariés dans l’entreprise. Cette refondation républicaine qui est à notre
portée rend possible une réponse de gauche à l’urgence démocratique.

 

LE TEMPS DE L’ALTER-DEVELOPPEMENT EST VENU

 

Parce que chacun en subit les
effets dans son quotidien, la crise écologique est l’objet d’une prise de
conscience croissante de nos concitoyens. Celle-ci permet de faire partager plus
facilement la nécessité d’un changement profond de nos modes de consommation, de
production et d’échange.

Le système capitaliste organise
la mise en concurrence mondiale par le libre-échange généralisé et la
libéralisation des mouvements de capitaux; il encourage l’exploitation sans
frein des ressources naturelles partout dans le monde, la marchandisation
progressive du vivant et, même, l’utilisation des catastrophes naturelles pour
étendre son emprise. La crise écologique trouve donc clairement son origine dans
le système capitaliste et le modèle productiviste qui le sous-tend. La nécessité
d’organiser le dépassement du système capitaliste et celui du modèle
productiviste en inventant un alter développement jouit dès lors d’une
légitimité inédite.

La crise écologique est par
exemple une justification extrêmement puissante de la mise en place de biens
publics mondiaux préservés des intérêts privés. La raréfaction de l’eau et de
l’énergie renforcent la nécessité d’en faire des biens publics fondamentaux dont
l’accès à tous doit être garanti. Leur production et leur gestion doivent être
réorganisées dans le cadre d’un service public de l’eau et d’un pôle public de
l’énergie, seuls à même de mettre en place une tarification incitant à la
sobriété, par exemple en rendant gratuites les premières tranches d’eau et
d’énergie pour l’ensemble des ménages et en surfacturant les consommations
abusives. De même la mise en place de la planification écologique implique une
modification en profondeur de notre système productif. Au-delà des services
publics, le secteur coopératif et les entreprises de l’économie sociale et
solidaire seront développées. En effet elles peuvent concilier l’intérêt
général, celui des consommateurs/sociétaires et celui des salariés. Elles
participent ainsi à l’alternative au capitalisme.

La lutte contre le changement
climatique appelle une forte relocalisation des productions et la remise en
cause du libre-échange. Une politique volontariste et incitative de
développement des transports collectifs et du ferroutage est impérative.

L’encouragement nécessaire des
investissements écologiquement responsables est également un argument essentiel
en fonction d’un secteur financier public reconnaissant d’autres normes que la
rentabilité. La remise en question des modèles d’hyper consommation occidentaux,
qui ne sont ni généralisables à l’ensemble des habitants de la planète, ni
soutenables à long terme, est enfin un élément clé de la bataille culturelle que
doit mener la gauche pour l’émancipation des esprits de l’idéologie marchande et
publicitaire.

La gauche peut donc trouver une
nouvelle raison d’être et une opportunité sans précédent d’avancer ses
propositions dans le combat pour répondre à l’urgence écologique.

 


3- Les tâches du Parti de Gauche.

 

Le Parti de Gauche est un parti
en chantier. Un seul Congrès ne suffira pas à fixer son orientation, son
programme, son fonctionnement. Un second Congrès se tiendra à l’automne 2009
autour notamment de l’élaboration de notre programme. Mais devant l’urgence
politique, nous devons faire du PG un parti utile dès à présent.

 

FAIRE FACE À LA DROITE

 

La droite est en train de mettre
en oeuvre ses principaux objectifs historiques, y compris ceux auxquels elle
avait dû renoncer depuis plusieurs années: Destruction du code du travail,
remise en cause de la laïcité, instrumentalisation de l’histoire, privatisation
des services publics, retour de la France dans le commandement intégré de
I’OTAN, suppression de fait de I’ISF avec le bouclier fiscal, ruine des
principes de solidarité de la Sécu avec les franchises médicales, coupes sans
précédent dans les effectifs de la fonction publique… Cette politique
représente non seulement une dégradation inouïe de la condition des salariés
mais aussi une rupture assumée avec les fondements républicains de la Nation
française.

Nombre de nos concitoyens ne s’y
résignent pas. En témoignent la multiplication des grèves des travailleurs, le
succès des mobilisations de défense de l’Education nationale, l’unité syndicale
réalisée pour la première fois depuis le CPE qui a permis la réussite de la
grève générale du 29 janvier 2009. D’autres luttes encore sont essentielles: Les
réseaux de défense des sans-papiers, la bataille autour du logement pour tous.
Jusqu’où la droite irait-elle si elle ne rencontrait aucune résistance? C’est
pourquoi le Parti de Gauche sera aux côtés de tous ceux qui résistent à la
droite, pour rompre l’isolement, encourager les mobilisations, favoriser le
rassemblement du salariat dans toutes ses composantes (salariés, précaires,
chômeurs, retraités), mener un travail d’éducation populaire afin de dévoiler le
fondement des réformes gouvernementales et diffuser les arguments qui aident à
s’y opposer. Il agira comme un parti trait d’union, facilitateur d’une union des
gauches sans exclusive face à la droite.

Face à la crise, nous opposerons
nos mesures d’urgence aux réformes menées par la droite afin que nos concitoyens
sachent que d’autres choix sont possibles et puissent dès lors forger leur
propre opinion sur la politique gouvernementale. De même, parti d’éducation
populaire, le PG contribuera activement à la bataille culturelle qui met en
péril la souveraineté et l’émancipation des peuples. Dans le monde entier, les
forces réactionnaires menacent la liberté intellectuelle ou des acquis
scientifiques et médicaux parmi les plus importants de l’Histoire: Théoriques
créationnistes ou déterministes, injonctions religieuses et sectaires, remise en
cause des droits des femmes, asservissement de la recherche scientifique aux
pouvoirs politique ou financier, entraves à l’éducation pour tous, pilotages des
médias sont des obstacles convergents à l’émancipation des peuples et à
l’exercice entier de leur libre arbitre.

Pour qu’il devienne une réalité
concrète, c’est d’abord dans les têtes et dans les coeurs de nos concitoyens que
doit vivre le modèle de civilisation fondé sur l’égalité et la laïcité auquel
nous adhérons.

 

UNE OPPORTUNITE HISTORIQUE SE PRESENTE :

UN FRONT DE GAUCHE POUR GAGNER LES EUROPENNES

 

Lors de ces élections, les
Français pourront d’abord exiger le respect de la souveraineté populaire. Leur
vote du 29 mai 2005 a été piétiné. Le candidat Sarkozy avait promis
l’enterrement du projet de Constitution au profit d’un mini traité simplifié et
consensuel. En réalité, c’est le même texte qui a été repris dans le Traité de
Lisbonne puis adopté par le Parlement français, après qu’a été refusé au peuple
le recours au référendum avec la complicité de la majorité des parlementaires du
PS. Depuis les Irlandais ont rejeté à une large majorité le traité de Lisbonne.
Qu’ont fait les dirigeants européens? Tous, y compris les partis membres du PSE,
ont encore choisi de piétiner la souveraineté populaire en appelant à ratifier
le traité de Lisbonne et en contraignant les Irlandais à un nouveau référendum.
Le traité de Lisbonne s’impose dorénavant comme la négation de la volonté des
peuples en général. Ce modèle étouffant de construction autoritaire de l’Europe
appelle une cinglante réplique populaire.

Ensuite, ces élections
européennes permettront aux électeurs de se prononcer sur les orientations
principales qui cadenassent la politique du pays. Les lois votées en France sont
en effet à 80% des transcriptions de directives européennes et on ne compte plus
les mesures réclamées par notre peuple qui se heurtent aux décisions de l’Union.
Pour ouvrir la voie à une autre politique pour notre pays, il est indispensable
de faire sauter le verrou de la construction antisociale et antidémocratique de
l’Europe.

Enfin, ces élections surviennent
dans un contexte qui rend vitale l’émergence d’une alternative progressiste en
Europe. L’action au Parlement européen d’un groupe de gauche qui ne soit pas
compromis dans la cogestion du Parlement et de la Commission avec la droite est
indispensable pour qu’émerge une issue internationaliste et démocratique à la
crise globale du système actuel. Pour toutes ces raisons nous voulons rendre
possible un rassemblement qui se donne l’objectif d’arriver en tête de toutes
les listes aux élections européennes. C’est la raison de notre appel à un front
de gauche ouvert à toutes les forces politiques de gauche qui refusent le traité
de Lisbonne et défendent la construction d’une autre Europe sociale, écologique
et démocratique.

À cette heure, nous savons déjà
que ce front rassemblera notamment le Parti de Gauche et le PCF dont le Congrès
a confirmé son engagement dans cette démarche. C’est une nouvelle qui peut tout
changer. Nous contribuerons à faire vivre le front sans tarder pour permettre
aux citoyens de s’y impliquer dès maintenant. Et nous maintiendrons le front
ouvert aux autres forces politiques du « non » de gauche qui continuent
actuellement de débattre de cette perspective, notamment les Alternatifs, le NPA,
le MRC, le POI.

 

UN PARTI POUR REINVENTER LA GAUCHE.

 

Nous avons l’ambition de contribuer à la réinvention de la
gauche en élaborant un programme qui synthétise le meilleur des histoires des
gauches et du mouvement ouvrier et qui sache aussi tirer les leçons de leurs
échecs passés, en expérimentant des pratiques politiques et militantes
nouvelles. Nous voulons être un creuset où se mêlent les cultures politiques
issues du socialisme historique, de l’histoire de la lutte des classes et des
révoltes populaires, de l’apport des combats féministes, antiracistes,
écologistes, laïques et altermondialistes.

Et nous voulons faire de cet alliage nouveau le cœur d’une
majorité alternative et d’un projet de gouvernement, appuyé sur l’intervention
et la mobilisation des citoyens, afin de changer radicalement de société et de
changer la vie vraiment.

C’est pourquoi nous décidons que notre Congrès de l’automne
2009 sera le Congrès du programme et nous invitons tous ceux qui se
reconnaissent dans cette ambition à nous rejoindre pour y travailler ensemble.

 

NOUS PROPOSONS D’ORGANISER CE TRAVAIL PROGRAMMATEUR

AUTOUR DE CINQ AXES

 

Premièrement, face à l’urgence sociale, redéfinir ce qui
doit revenir sous contrôle public, inverser l’ordre du partage des richesses
entre le capital et le travail sous toutes ses formes: salaires, fiscalité,
sécurité sociale, service public, nouvelle perspective de réduction du temps de
travail… Car c’est la condition d’une société où le droit au bonheur n’est pas
un slogan de supermarché ouvert le dimanche, où la vie douce n’est pas réservée
à quelques-uns, d’un monde où le travail encore et toujours n’est pas la
frontière entre la vie et la mort sociale, bref, de l’invention d’un futur tout
simplement humain.

Deuxièmement, face à l’urgence environnementale, installer
la planification écologique tout de suite, car elle est nécessaire pour engager
la transition entre le modèle actuel de production, de consommation, de vie et
d’échange et le modèle d’alter développement qu’il est urgent d’inventer.
Troisièmement, face à l’urgence démocratique réaliser la reformation
républicaine et laïque des institutions et de la société française, Pour ce
faire, il faudra notamment passer à la sixième République parlementaire,
garantir le droit de citoyenneté des travailleurs dans l’entreprise, construire
une citoyenneté élargie pour tous les résidents afin d’inventer la société de ce
que Jaurès appelait « la démocratie jusqu’au bout ». Quatrièmement, face à
l’urgence européenne, tourner la page du modèle de construction libérale de
l’Europe dont le Traité de Lisbonne est la règle du jeu antidémocratique et
antisociale. Nous devrons rétablir le contrôle politique sur la monnaie et sur
la finance et laisser respirer la puissance des peuples, la force de la
démocratie, afin que les Européens puissent inventer leur intérêt général,
s’aimer et vivre ensemble, et inventer un nouvel internationalisme.
Cinquièmement, face à l’urgence économique, sociale et écologique planétaires,
nous proposons de renforcer et de démocratiser les institutions des Nations
Unies, de reconnaître la supériorité des normes sociales et environnementales,
de reconnaître le droit des Etats à organiser et protéger leurs économies en
fonction de leurs propres objectifs (notamment le droit à la souveraineté
alimentaire), de promouvoir les biens publics mondiaux et de réorienter les
politiques de coopération.

Face à l’urgence de la paix, il est urgent de construire de
nouveaux rapports mondiaux et de faire respecter le droit international.

 

REFORMULER L’IDEAL SOCIALISTE POUR

TOURNER LA PAGE DU CAPITALISME

 

La crise actuelle est une crise majeure du capitalisme, du
même ordre que celles qu’il a connu à la fin du XIXème siècle et dans les années
1930. Nous n’en sommes qu’au début. D’autres secousses sont devant nous et une
longue période de dépression économique s’annonce.

Cette période comporte de grands dangers. L’histoire du
vingtième siècle en atteste. Le néocapitaliste dominant depuis trois décennies
ne s’en relèvera sans doute pas, tant il apparaît que le « capitalisme pur»
libéré de toute entrave est à la racine de la catastrophe actuelle. Il en va
différemment du capitalisme lui-même qui a montré dans le passé sa capacité à
rebondir. Mais pour surmonter la catastrophe en cours, il lui faudra alors
avancer des formes politiques nouvelles. L’histoire montre qu’il est enclin à le
faire avec un système d’exploitation encore plus violent et la recherche de
boucs émissaires désignés responsables du désastre.

C’est alors l’accentuation des dérives sécuritaires,
xénophobes et guerrières, C’est ainsi un capitalisme liberticide et xénophobe
qui s’avancerait dont certaines inflexions politiques actuelles pour « sauver le
capitalisme» donnent un avant-goût. Proposer une autre issue est évidemment
décisif pour éviter de tels cauchemars.

D’aucuns proposent de nouvelles régulations de la finance
internationale à l’intérieur du capitalisme, un «keynésianisme vert mondial»
cherchant par la négociation et le contrat à restreindre la logique du profit.
En supposant que cela soit possible, ce qui est loin d’être démontré, est-ce
souhaitable? Cela peut-il suffire? Notons d’abord que le coût social d’une
sortie de la crise capitaliste par le renflouement de la finance sera très lourd
pour les populations au nord comme au sud. Si l’on veut procéder par la relance
sans toucher au système il faudrait imposer une nouvelle redistribution radicale
des richesses. Ceux qui veulent sauver le système ne le proposent pas. Les
rapports de force que cela exige les effraient. Mais, nous-même, devrions-nous
souhaiter cette issue? Non. Le coût écologique d’un nouveau cycle de croissance
capitaliste (même keynésien) serait désastreux pour la planète.

Dans ce contexte, la question de la « sortie du
capitalisme» devra être posée comme une question d’actualité politique dans les
années à venir, comme solution concrète aux problèmes posés.

Sinon quelle réponse conséquente apporter aux colères qui
vont s’exprimer contre la volonté des gouvernements et des milieux d’affaires
qui veulent solder les conséquences de la crise actuelle sur le dos du plus
grand nombre. Dans ces conditions, pour atteindre l’objectif d’émancipation
globale de la personne humaine que nous visons, nous ne pouvons ni accepter le
système capitaliste comme horizon indépassable, ni faire croire qu’en l’amendant
ou en l’humanisant on règlerait les défis du nouveau siècle. Nous devons au
contraire proposer de le dépasser. C’est notre devoir de proposer un autre
avenir qui fixe de nouvelles limites à la sphère marchande et à l’appropriation
privée et ouvre de nouvelles perspectives à la sphère publique et à
l’appropriation sociale. Un autre avenir qui libère les aspirations à
l’autonomie et à la solidarité des individus, intègre les apports du féminisme
pour l’égalité et le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Ce
projet d’avenir récuse le productivisme dont l’humanité a pu mesurer les dégâts.

Dans l’histoire du mouvement ouvrier, cet objectif s’est
incarné dans la perspective du Socialisme. Nous ne pouvons prolonger cet idéal
sans tirer la leçon du siècle écoulé.

Dans le capitalisme, c’est l’économie (le capital) qui
domine l’Etat et la société. Dans le socialisme bureaucratique c’est l’Etat qui
soumettait l’économie et la société. Le Socialisme auquel nous aspirons devra
donner la prééminence complète à la société. Nous le nommons «la République
sociales ». Pour nous, en toutes circonstances, il n’y a de changements
politique et social que voulu et décidé par le suffrage universel. Et dans notre
méthode, la démocratie n’est pas confinée aux seules rencontres électorales même
si pour finir c’est toujours le vote libre et démocratique qui doit avoir le
dernier mot. Notre stratégie de transformation sociale devra combiner conquête
du pouvoir politique et implication populaire permanente comme on peut
l’observer dans les révolutions démocratiques en cours en Amérique Latine par
exemple.

Notre formule est: La démocratie jusqu’au bout, la
République partout et pour tous. Ainsi se trouve résumée notre vision d’un
changement pris en charge et voulu depuis la société et pas seulement octroyé
par l’action gouvernementale.

L’alternative immédiate est entre «rénovation du
néo-capitalisme» ou «extension de la démocratie et de la république»
c’est-à-dire de la maîtrise collective de l’avenir aujourd’hui accaparé par les
forces aveugles du marché. L’objectif à terme, c’est une société libérée de
l’exploitation et de l’oppression, libérée des impératifs absurdes de
l’accumulation capitaliste, de ses modèles de consommation, de ses hiérarchies
sociales et symboliques, de ses rivalités ostentatoires. La souveraineté
populaire, la démocratie, la République jusqu’au bout est la méthode
stratégique. Elle porte en elle la plus forte potentialité pour transformer
radicalement l’ordre existant. Elle combine les formes de libération de la
société: Démocratie politique redonnant le pouvoir aux citoyens, démocratie
économique mettant l’économie au service des besoins humains, démocratie sociale
faisant entrer la citoyenneté dans les entreprises. Ce changement d’un modèle de
société vers un autre implique un processus d’élaboration programmatique de
conquête de l’hégémonie idéologique, de prises de positions institutionnelles,
d’extension des domaines ou seuls prévalent l’intérêt général et les services
publics, de développement d’expériences d’autogestion sociale, de contrôle accru
des citoyens sur les institutions, d’interventions des travailleurs dans les
affaires économiques, etc. La démocratisation et la socialisation de l’économie
résulteront d’une série d’avancées transformatrices partielles, mais qui
combinées font reculer le pouvoir du capital jusqu’à poser la question du choix:
« république sociale ou Capitalisme?».

Le «bloc social» de cette transformation ne peut pas être
réduit à une seule catégorie sociale mais rassembler des forces sociales qui,
dans une grande diversité, se sont opposées ces dernières années au mythe de
l’autorégulation du marché. Notre projet est de les faire converger pour faire
valoir les intérêts de la société toute entière contre les logiques mortifères
du capitalisme. En ce sens notre visée d’une refondation républicaine de la
société et des institutions est un projet global. Nous le nommons la République
Sociale. Il est notre proposition pour la renaissance d’une perspective
socialiste rénovée dans le siècle qui s’ouvre.

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