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Sep 07

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Alain Bourgeois par JL Mélenchon

Reprise du blog de Jean-luc
Mélenchon :



Alain Bourgeois,



Officier mécanicien et la souveraineté nationale


 

Ceci est un post d’actualité. Pas
n’importe laquelle. Celle d’une toute petite lutte. Petite, parce que c’est un
homme tout seul qui la mène à sa façon, Alain Bourgeois, officier mécanicien au
Havre. Mais je la trouve très significative. Elle est pour moi emblématique
d’une situation que je veux dorénavant pointer et traiter. Celle de
l’abaissement de la souveraineté nationale dans l’application de la loi
française par les «investisseurs» étrangers. Je crois en effet que plusieurs cas
du même style nous alertent sur une nouvelle réalité dans les relations de
travail quand le patron est un étranger. Je suppose que tout le monde a en tête
le cas des Molex. Le seul respect de la loi en vigueur en France y est devenu un
enjeu de la négociation. Jusqu’au point où l’on a vu un ministre se réjouir
d’annoncer que la direction de l’entreprise s’engageait sur une décision qui
n’était pourtant que le respect de la loi. Et le même ministre de se taire sur
le fait que, pour le reste, la même direction ne respecte toujours pas la loi
française et les décisions des tribunaux français. Je suppose que ce genre de
remarque devrait me valoir les foudres de la gauche «prout, prout» qui y verra
la marque de mon odieuse xénophobie. Et peut être même pire : de mon
nationalisme ! N’empêche. Quand je vois que la loi n’est pas respectée du seul
fait que «l’investisseur» est un étranger, le plus souvent nord américain, et
que les autorités du pays d’accueil (le nôtre) semblent trouver cela normal je
mesure la chaîne des conséquences et je comprends ce qu’est devenu le rapport
entre notre pays en tant que nation d’une part et le capital et les nord
américains d’autre part. Sur ce plan là aussi notre situation se rapproche de
celle des nations d’Amérique latine face à l’empire. En ce sens la dimension
nationale du combat social prend une actualité et un sens que le terrorisme
intellectuel des griots de la mondalisation heureuse et de la puissance
tutélaire bienfaisante des USA (genre «Nouvel Observateur») ne doit pas empécher
de voir. Ni d’assumer. Car c’est le niveau minimum minimorum que le respect de
la loi du pays concerné pour attester la souveraineté de ce dernier. Bien sûr il
arrive que nous déléguions de la souveraineté nationale. Mais c’est par la loi
que nous en décidons. Ou par les Traités. Comme par exemple en direction de
l’Union Européenne. Mais là? D’ou vient cette spoliation de souveraineté? D’un
pur rapport de force. En face, quoi? Rien. La seule résistance vient d’en bas.
Parfois au singulier absolu. Ainsi de la lutte de mon camarade Alain Bourgeois,
officier mécanicien au port du Havre.


POURQUOI ONT-ILS ABANDONNE ALAIN?

Mon
camarade du Parti de Gauche, Alain Bourgeois, officier-mécanicien, est en grève
de la faim sur le port du Havre depuis le 13 août dernier. Il dénonce, pour
l’ensemble des acteurs de la filière, les atteintes aux conditions de travail
des salariés du remorquage des ports, pourtant régulièrement inscrites dans le
code général du travail, le code maritime et même les accords de branche !
Jusqu’il y a peu, une compagnie unique, les fameuses « abeilles », était
habilitée à remorquer les navires jusqu’aux quais, suivant un cahier des charges
extrêmement contraignant et sécurisant, chaque jour et 24h/24h. La vente de la
Compagnie à un groupe espagnol et l’arrivée d’une société hollandaise, ont
évidemment entraîné une concurrence acharnée. C’est évidemment sur les
conditions de travail et leur coût que cette concurrence s’est concentrée,
davantage que sur quoi que ce soit d’autre comme par exemple la modernisation
des outils de travail et des procédures de celui-ci. Comme d’habitude. Ce sont
donc les conditions de sécurité et les acquis sociaux qui ont été «modernisés».
C’est à dire saccagés. C’est à présent la fin des congés payés et des dimanches
et jours fériés pour les marins des remorqueurs du Havre… et d’ailleurs.
Aujourd’hui, par un tour de passe-passe, la Compagnie hollandaise entend imposer
26 semaines de 70h et 26 semaines non travaillées, soit 52 semaines, en faisant
l’impasse sur les week-ends repos hebdomadaires, les jours fériés et la totalité
des congés. Sévère! Mais bien sûr le salaire restera le même! Dans le même
esprit, on comptabilise dorénavant le repos à posteriori. Seules 9 heures de
repos sont accordées quotidiennement. "Décryptons", comme on dit à la télé.
Cette comptabilité conduit à imposer des heures d’astreinte non rémunérées à
bord. Evidemment ces heures d’astreintes échappent ainsi au régime des heures
supplémentaires. Elle est pas belle la vie? Travailler plus pour gagner moins.
L’Inspection du Travail a donné raison à notre camarade Alain Bourgeois. Un
comble : la Compagnie en prend acte. Mais elle refuse d’appliquer les accords.
Vu? Pour faire face
Alain devrait donc à aller en
justice pour les faire appliquer ! Voilà comment le cynisme procédurier achève
le tableau du mépris pour la loi. Le libre citoyen Alain Bourgeois, du pays
souverain France fait la grève de la faim depuis le treize août pour que la loi
de son pays soit respectée dans son pays par une compagnie étrangère. Et les
autorités du pays? Rien. Elles ne font rien. Ou bien seulement des coups de
mains aux délinquants. Sur place les camarades se relaient pour soutenir Alain
en ne le laissant pas seul. Ce sont des militants. L’Etat a disparu.  



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