Tout du moins rien de concret, après cet exemplaire démonstration d’intelligence collective du peuple français il a fallut pour une multitude d’hommes et de femmes politiques réintégrer nos formations politiques je parle ici en particulier pour les Socialistes et les Verts en constatant que désormais plus rien ne serait comme avant. Pour conjurer le sort, tout le monde s’est assis sur le couvercle de la marmite en se disant que le temps ferait son affaire en désamorçant les tensions générées. Il n’en fut rien car étant souvent minoritaires dans les instances dirigeantes de nos formations il nous a fallut affronter le reproche de la « trahison ». A ceci près qu’ayant gagné il fut difficile de nous rejeter manu militari…Et depuis bientôt 4 ans la situation de blocage interne des deux formations pré citées empêche toute vraie discussion politique des choix de société à venir, car ceux-ci nous ramènent inexorablement vers le soutien ou le rejet des idées vendues dans le TCE.
L’ambiguïté politique est là comme un mur depuis des années, et elle verrouille l’action des uns et des autres. Il aura donc fallu l’intervention de Jean Luc Mélanchon pour qu’enfin ce barrage aux idées craque et qu’une porte s’entrouvre pour laisser la parole à celles et à ceux qui attendent depuis des mois et des mois pour dire et répéter que non non et non nous ne regrettons rien dans les idées que nous avons vaillamment défendues en 2005.
Un parti de gauche, pourquoi faire :
Le parti de gauche avance « nu », sans complexe, sans paravent, ab initio avec une volonté politique nouvelle qui permettra l’émergence de politiques pour un Pays et pour l’Europe au service de ses citoyens et non l’inverse. Cependant ce parti s’il ne repose que sur lui-même n’est pas un parti constitué de doux rêveurs bien au contraire. C’est parce que la politique à gauche est devenue impossible à définir dans ses contours qu’ils et elles ont décidé de reposer les bases d’une pensée politique de gauche claire et sans ambiguité, et de créer un parti capable de les porter. La conquete du pouvoir est un objectif prioritaire affirmé dans ses textes . Avec l’idée centrale que la question écologique est présente dans chaque engagement pour l’avenir et pour le présent. Eau, sol, nourriture, air, énergie, habitat, santé, information et culture, les services publics, les solidarités, tout doit etre repensé ou réaffirmé afin de garantir dans le futur une qualité d’existence qui ne soit pas celle d’un retour en arrière médiéval.
Le productivisme et le capitalisme sont des fléaux d’un siècle destructeur achevé qui obèrent encore aujourd’hui en l’état le futur de nos enfants. A la chute du mur de Berlin, on nous promettait « a new world order », un ordre nouveau à la Bush père.
Cette liberté soudaine du marché a conduit la planète dans un état de désordre accéléré qu’il va bien falloir prendre en compte et réparer. Il faut briser pour cela la spirale de l’individualisme érigé en modèle de société qui vante par tous les canaux médiatiques et publicitaires un modèle d’existence qui permet à quelques un de vivre follement tandis que l’immense majorité des habitants de la planète crève littéralement, comme jadis Rome vivait dans l’opulence tandis que l’empire criait famine.
Un parti sur quelle base et pour qui?
Rien n’est plus important qu’une assise militante solide, le Parti de Gauche doit etre rapidement capable d’asseoir son fonctionnement sur un nombre élevé de militants. En ce sens le Parti de Gauche s’appuie sur un champ historique et politique majeur : Ceux des partis historiques de la gauche dont il ne renie pas les plus belles avancées dans ce pays. Mais il s’appuie également sans complexe sur des idéaux forts, parfois radicaux : Ceux de la commune de Paris, ceux de l’exclusion des églises de la conduite des affaires de notre pays , ceux du Front Populaire et de mai 68 contre « l’odre établi », ceux des combattants libertaires internationaux ou espagnols contre le franquisme et le fascisme de la « sale vieille Europe ». Le parti de Gauche se devra d’écouter la colère légitime des habitants de ce pays et y répondre sans démagogie ni populisme en faire le creuset d’une société plus équilibrée et moins frustrante pour les individus. Il ne s’agit pas de revenir à l’ère soviétique, mais il nous faut impérativement sortir de celle du déni de collectif. L’individu dont on nous vante les mérites n’a que la sensation de cet état car la réalité est bien différente : Quel étrange paradoxe que cette société qui revendique l’individualisme comme objectif de « bonheur » et qui s’évertue chaque jour à briser tous « ses » individus pour en faire des esclaves économiques, sur un moule identique.
Un parti écologiste ?
L’écologie aujourd’hui est le centre de schémas politiques nouveaux qui apparaissent aussi bien à droite qu’à gauche. En ce sens l’écologie ne constitue plus une identité politique propre avec son individualité qui plus est à gauche. Son succès par la force des choses est le fait d’évènements climatiques, économiques et démographiques devenus incontournables. Mais les réponses à ces problématiques divergent sensiblement de gauche à droite de l’échiquier : Le choix est celui du monde dans lequel nous sommes prêt à vivre. La droite et le centre demandent la prise en compte de la problématique environnementale pour l’immensité du reste du monde mais se refuse à changer le mode de vie de son électorat. Elle nous concocte une écologie de la contrainte, celle qui permettra à un petit nombre de pouvoir ne rien changer à ses habitudes. C’est le sens du fameux « grenelle de l’environnement » fantaisie écologiste qui ne remet pas en cause le système mais qui ne propose qu’un aménagement des activités humaines des pays du nord cela va de soi.
La gauche doit construire un projet dont le défi consistera à proposer un mode d’existence crédible, compatible avec la taille de notre planète tout en permettant à ses habitants d’accéder à un niveau d’existence décent. L’énergie, la réduction de son utilisation et sa dégradation correctement contrôlée et la réduction du mouvement des biens et des personnes sont une des clés de la réponse. Elles rejoignent en ce sens les pensées gravitant autour de la décroissance. Moins mais mieux, infiniment mieux. L’énergie nucléaire est l’exemple parfait de l’impasse dans lequel notre pays s’est enfermé et qui le conduit à toujours augmenter la demande afin de justifier l’utilisation d’un parc de centrales efficace mais vieillissant. Comment ne pas s’étonner du déni sur les questions relatives aux déchets radioactifs et leur sensibilité stratégique pour des millénaires, et à l’incroyable fragilité du système au regard de la géographie politique pour l’approvisionnement en combustible. Cette utilisation massive de l’énergie nucléaire a bloqué une quantité incroyable de solutions techniques qui sont désormais utilisées sur la planète et qui créent de l’activité pour les habitants en relocalisant les lieux de production.
Pour quelle vision économique ?
Le projet de la gauche doit poser clairement la question de la marchandisation des activités humaines : Education, déplacement, accès à l’énergie aux communications doivent elles faire l’objet d’une contrepartie financière systématique ? En clair la gratuité doit etre étudiée dans de nombreuses situations afin de sortir de l’activité marchande certaines prestations. Si l’on veut moins d’automobiles sur les routes, il faut développer une offre satisfaisante et moderne de transport en commun. La gratuité (comme à Aubagne) permet de répondre à la fois aux objectifs écologiques en limitant pollution et usures des réseaux routiers, et économique en limitant le coût des déplacements des individus. Elle crée les conditions d’un service public hors marché.
Par ailleurs, la voiture et son emprise économique sur la société et les individus est un carcan dont il faudra bien sortir.
La place du travail doit etre repensée sans complexe, vantée aujourd’hui comme une nécessité absolue mais dont les règles sont sauvagement détricotées dans le code qui le régit. L’absence de travail ne doit plus etre considérée comme une tare sociale. Elle doit etre l’occasion pour les individus s’ils le souhaitent de pouvoir bénéficier d’apport de formations, de culture, ou de rien du tout. Car une personne qui ne travaille pas est souvent active par d’autres biais et se rend utile néanmoins envers la collectivité. Combien de personnes font don de leur temps et de leur énergie pour participer et enrichir la vie collective, par l’intermédiaire des associations mais aussi d’actions individuelles et apportent du bien etre aux autres, et comment quantifier cet apport, est il utile de le quantifier ? Non vraiment le marché n’est pas tout !
Dans quel espace ?
La gauche doit etre capable de porter ces idées de progrès, et bien d’autres encore, qui sont les seules capables de permettre à la population de cette planète de vivre dignement, équitablement, en paix et de garantir le devenir de nos enfants. Pour ce faire ces idées doivent etre portées dans nos représentations locales et nationales mais aussi européennes car c’est à ce niveau que nos idées pourront trouver une cohérence et un écho sur le continent et au dela et jusque dans nos territoires.
Nous devons revitaliser le courant de pensée qui a permis le rejet du TCE. Nous devons envoyer au parlement européen des hommes et des femmes qui sont porteurs d’une autre vision. Il convient donc au Parti de Gauche de rapidement mettre en place les conditions permettant lors du prochain scrutin européen, de faire élire des députés qui ont fait entendre leur voix lors du référendum et qui partagent la vision d’une autre europe. Pour cela, nous devons travailler au dela des limites de notre formation et regrouper dans cet objectif toutes les forces qui a gauche ont fait le succès du NON au TCE pour construire le OUI à cette nouvelle Europe que nous voulons pour toutes et tous sur notre continent.
Laurent Simonet