La dette publique sert de prétexte à une régression sociale sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. François Hollande a décidé de respecter l’engagement de Nicolas Sarkozy de réduire le déficit public à 3% du PIB en 2013, puis d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2017, avec pour conséquence des premières coupes drastiques dans les dépenses publiques. Pire, en voulant ratifier le pacte budgétaire, le pacte Merkozy, il condamne la France à une austérité permanente. Trois instituts économiques indépendants, OFCE (France), IMK (Allemagne) et Wifo (Autriche) ont ainsi chiffré à 7 points de PIB sur la période 2010-2013 son impact sur la croissance de la zone euro. Et le simulacre du pacte de croissance n’y changera, hélas, rien.
Pourtant, il est possible de faire autrement. Non, la croissance de la dette publique n’est pas due à une augmentation inconsidérée des dépenses publiques, celles-ci ayant même eu tendance, avant la crise, à baisser. La croissance de la dette publique trouve sa source en deux endroits. Elle est due d’abord à un manque de recettes fiscales. Comme l’a indiqué Gilles Carrez, ancien rapporteur UMP du budget à l’Assemblée nationale, si la fiscalité était restée ce qu’elle était en 2000, la France aurait connu un excédent budgétaire en 2006, 2007 et 2008. Ce sont les cadeaux fiscaux faits aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises qui sont à l’origine des déficits publics. Elle est due ensuite au fait que la France a été obligée d’emprunter sur les marchés financiers, au lieu de pouvoir le faire auprès de la Banque de France. Le taux d’intérêt réel auquel la France a emprunté depuis 1980 a été supérieur au taux de croissance, entraînant ainsi une augmentation mécanique de la part de la dette dans le PIB. Ce que les économistes appellent l’effet boule de neige. Nous avons abouti à une situation hallucinante qui voit les banques se refinancer à 1?% auprès de la Banque centrale européenne (BCE) et prêter aux États à des taux nettement supérieurs.