Paragraphe issue du blog de Jean-Luc Mélenchon député européen du Grand Sud-Ouest.
La semaine qui vient, je vais aller passer quatre jours de session parlementaire européenne. On devine que j’ai déjà les nerfs à fleur de peau. Suivant la tradition de cette noble assemblée, les documents arriveront d’un coup à partir de vendredi puis pleuvront jusqu’au début des votes et même pendant leur déroulement. Mes assistants sont sur les dents. Une semaine de marathon démoralisant commence pour eux ! En effet il faut se battre pour avoir les textes en français, puis il faut les décrypter un par un et décider de chacun de mes votes. En effet je ne me fie à aucune consigne de vote de mon groupe. Non que j’aie des raisons particulières pour cela mais parce que je sais qu’ici chacun de mes faits et gestes est surveillé à la loupe et qu’il m’en couterait de me tromper une seule fois. On se souvient de l’épisode ou un député écolo m’avait reproché sur son blog de ne pas avoir applaudi suffisamment pendant l’intervention du lauréat du prix Sakharov. Dans les autres groupes et même dans le notre, beaucoup se contentent de suivre la « feuille de vote » document remis par le secrétariat de chaque groupe à chaque parlementaire. De la sorte chacun appuie sur le bon bouton et lève la main en cadence correctement pendant les cent, deux cent votes ou davantage que nous devons émettre sans explication ni interventions pendant environ une heure chaque jour. Pour moi donc c’est le régime super contrôlé. On se bat donc pour pouvoir lire en français, puis on consulte les commissions du parti de gauche concernées, autant que faire se peut, puis on rédige les explications de vote qu’il faudra remettre à la séance faute de pouvoir s’exprimer oralement. Une vraie vie de bureaucrate sans aucun rapport avec ce que j’ai appris en 20 ans de parlement français. Je vois d’ici les sourires ! Ah les français ! Ah gout pour les discours! Leur culte de l’éloquence. Et ainsi de suite. La meute des autos flagellant, diplomates et journalistes en poste gavés jusqu’aux dents, prendra la relève pour ringardiser « l’exception française » et valoriser la « modernité » des méthodes de ce parlement dominé par les mœurs anglos saxonnes. La vérité est que les trois quart des textes votés dans ce parlement ne servent strictement à rien. Ce sont des bavardages pétris de bonne conscience et d’admonestations libérales qui constituent juste un bruit de fond à tonalité parlementaire pour légitimer la machine à broyer la démocratie qu’est l’Union Européenne.