Le séisme était attendu. Il a eu lieu. Le FN est en tête à l’issue du 1er tour des élections régionales.
Un électeur sur deux (et même 70 % des ouvriers, 70% des moins de 34 ans), malgré cette menace, n’est pas allé aux urnes, marque d’une crise politique profonde des institutions de la 5ème République qui doit interroger l’ensemble des forces politiques.
Le gouvernement de F. Hollande et M. Valls et l’état-major du PS portent une énorme responsabilité. C’est bien d’abord et avant tout leur politique antisociale et anti-écologique qui a divisé la gauche et désespéré le peuple. Sans refaire l’énumération de l’ensemble des mesures prises, le résultat est là : les patrons du CAC40 ont pu encaisser 40 milliards de CICE sans aucune contrepartie, et se reverser 60% d’augmentations de dividendes. Sans surprise, le chômage explose et le réchauffement climatique s’accélère. Exploitant tous les rouages de la 5ème République à coups de 49.3, se soumettant aux injonctions de Bruxelles et même les soutenant face au peuple grec, ils assument également la poursuite de logiques va-t’en guerre atlantistes irresponsables.
La défaite sociale des résistances à ces politiques, et leur criminalisation, s’accompagne d’un déni démocratique et d’une défaite culturelle profonde. Le choix autoritaire et identitaire de la réponse aux terribles attentats qui ont frappé le pays, par l’instauration de la déchéance de la nationalité et la prolongation de l’état d’urgence en vue de sa constitutionnalisation, ont achevé de valider l’idéologie de l’extrême droite, raciste, nationaliste et capitaliste. Le PS court derrière la droite qui court derrière le FN en reprenant son vocabulaire et ses propositions allant jusqu’à lui délivrer un brevet de laïcité et de républicanisme. Le FN gagne ainsi la bataille culturelle de division du peuple sur des bases ethnicistes déconstruisant les consciences républicaines et faisant disparaître les intérêts de classe antagoniques entre le peuple et le patronat. Cela ne bénéficie qu’à ce dernier.
M. Valls, comme F. Hollande, propose de finir son travail en tuant définitivement la gauche. Son appel au désistement, voire la fusion avec les listes de droite, finalement repris par l’état-major du PS, a d’abord démobilisé l’électorat de gauche. Aujourd’hui ils le privent de toute représentation dans plusieurs régions. Cette décision, qui l’amène même à appeler à voter pour la droite contre Jean-Paul Masseret en ACAL, ne réglera rien car une bonne partie de l’électorat de gauche n’ira pas voter pour Les Républicains. Et pour la première fois, le total des voix du FN a dépassé celui de la droite. Lutter contre le FN ce n’est pas déserter le second tour d’une élection. C’est l’affrontement avec le FN qui le fera reculer, en portant un projet alternatif et non l’effacement, qui vise à lui donner un blanc-seing d’antisystème quand il n’en est que l’idiot utile ! F. Hollande, M. Valls et l’état-major solférinien, jouent une partition des plus cyniques et irresponsables, celle du pari de l’absorption de la droite dans le vote FN et de la disparition de la gauche pour incarner une candidature « Front républicain » face au FN en 2017.
L’autre gauche doit regarder en face ses propres échecs : à refuser de nationaliser les enjeux des scrutins intermédiaires depuis la présidentielle, aggravé dans ces régionales par le refus d’opérer un même rassemblement de l’opposition de gauche ancré dans des démarches citoyennes sur tout le territoire, elle s’est rendue illisible et inaudible, incapable d’incarner une alternative. La totalisation de ses scores, avec 10,77%, tout en étant un socle, reste en deçà du score de Jean Luc Mélenchon à la Présidentielle de 11% additionné à celui d’Eva Joly (2,31%). Le FN, lui, n’a cessé de poursuivre depuis 2012 la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Il totalise quasiment le même nombre de voix pour un scrutin pourtant intermédiaire.
Pour l’heure, le Parti de Gauche a décidé de garantir le droit aux électrices et électeurs des listes qu’il soutenait d’être représenté-e-s dans les assemblées régionales. Le fonctionnement antidémocratique de ces élections, marquées par le présidentialisme de région à l’instar de la 5ème République, ne permet pas une proportionnelle automatique. Nous avons par conséquent fait le choix que nos candidat-e-s participent à des regroupements techniques là où c’est possible, pour constituer des groupes d’opposition de gauche dans les Conseils régionaux dans des conditions garantissant leur complète indépendance tout en essayant d’éviter des majorités de droite et extrême-droite dans le maximum de régions. Quant aux autres régions présentant des duels entre candidats LR et FN, si pour nous pas une voix doit être donnée au FN, il revient aux candidats LR de convaincre et de démontrer leur opposition au programme du FN quand ils n’ont de cesse de le reprendre.
Pour la suite, une fois ces élections passées, face aux menaces d’état d’urgence permanent, il faudra, plus que jamais, rassembler toutes nos forces pour résister et ouvrir un chemin. Nous avons à repenser radicalement la façon de redonner confiance au peuple, si l’on souhaite qu’il prenne son destin en main à la mesure des enjeux historiques. La bataille à conduire est totale, sociale, culturelle et politique, et nous sommes plus que jamais déterminés à la mener.
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